Crise de foi : un pas en avant… deux pas en arrière !

Suite à l’accumulation de dénonciations d’actes pé­dophiles commis au sein de l’Église, les évêques et les religieux catholiques français créèrent en novembre 2018, une commission INDÉPENDANTE, présidée par Jean-Marc Sauvé, pour enquêter sur les abus sexuels dans l’Église. Pour les évêques, qui n’imaginaient pas l’ampleur du phénomène, il ne s’agissait que de crever… un petit abcès.

La commission Sauvé remit son rapport le 5 oc­tobre 2021. Il fut salué unanimement pour le sérieux de ses recherches, analyses et propositions. Mais l’énoncé des faits fut un choc. Il ne s’agissait pas d’un petit abcès, mais… d’une pandémie systémique.

Consciente du danger, l’académie catholique de France a très vite réagi. Méthodologie non scienti­fique (l’existence de Dieu, étant, elle, prouvée scien­tifiquement). Contestation des chiffres. C’est sûr, 330000 petites victimes de pédocriminels ecclé­siastiques ou apparentés entre 1950 et aujourd’hui, en France, ça se discute. Peut-être n’y en-a-t-il eu que 329 000 ou… 430 000 ? Et puis, cerise sur le gâ­teau, quelle légitimité peut avoir une commission in­dépendante à propos de changements dans l’Église? Ah, mais ! De quoi j’me mêle !

Bref, il fallait s’y attendre, après avoir fait un pas en avant, l’Église a très vite fait deux pas en arrière.

Soyons précis, nous nous en réjouissons. Car une Église qui reconnaîtrait ses péchés, qui s’engagerait à les réparer et qui s’attaquerait aux causes (céli­bat…) de sa propension à la pédophilie…, nous ôte­rait à coup sûr… l’hostie anticléricale de la bouche.

 

Article paru dans Le Monde Libertaire n°1838, avril 2022