Dans son éditorial du n° de janvier 2022, de Siné mensuel, Catherine Weil Sinet écrit : « Mais on est toujours là… Seules des petites voix ou des grandes gueules, c’est selon, contrent la parole officielle des médias mainstream appartenant aux milliardaires… ». Assurément, Siné mensuel (total respect) fait tout ce qu’il peut en la matière. Et, merci. Reste que…
Le plus vieux prisonnier politique d’Europe
Reste que, il y a un mois et quelque de cela, nous l’avons informé d’une parole non officielle à propos de… Oh, une petite info de trois fois rien ? Complétement banale. Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais, combattant de la résistance palestinienne, entame, en France, sa trente-huitième année de détention. Il a été condamné en 1984 (un signe) à la perpétuité (mais sans période de sureté, ce qui est plus qu’un signe de la mauvaise conscience du tribunal) pour « complicité » d’assassinat. Un concept « précis » qui permettrait d’envoyer au bagne l’auteur et les lecteurs (trices) de ce papier au motif de n’avoir pas d’antipathie pour des résistants n’ayant pas réussi et d’en dispenser (du bagne) les résistants, qualifiés eux aussi de terroristes, du genre De Gaulle, parce qu’ayant réussi. Bref, Georges n’a pas tiré le bon numéro. Les palestiniens non plus. Il en est à 38 ans de prison, en France, ce qui en fait le plus vieux prisonnier politique d’Europe. Mandela, lui, qui assumait d’être un terroriste, parce que n’ayant pas le choix, n’a fait que 27 ans de prison (petit joueur). Mais, et c’est toute la différence, il est devenu président. Bref, l’histoire de Georges n’est qu’un fait divers parmi tant d’autres. On peut le voir comme ça. Mais, il y a pire !
Déclaré libre par la Justice, mais toujours en prison
En 2012, la huitième demande de libération de Georges (il était libérable depuis 1999) a été acceptée par le Tribunal d’application des peines anti-terroriste (une juridiction islamo-gauchiste woke bien connue). Of course, appel du parquet. Vous savez, ces gens de la magistrature dite « couchée » aux ordres du gouvernement, quel qu’il soit, comme celui de Pétain et ses lois rétro actives. Résultat, libération confirmée (Ah, ces juges « rouges »), mais… Mais, on n’est jamais assez prudent pour un plan de carrière, assortie de la nécessité d’une expulsion du territoire français. Super. Georges ne demandait que cela. Sauf que, et bé oui, pour pouvoir être expulsé, il faut un arrêté d’expulsion signé par le gouvernement et son ministre de l’Intérieur. En général, c’est immédiat pour tous les immigrés de la misère ordinaire. Mais, là, et bé, non. Le « camarade » ministre de l’intérieur de l’époque (un certain Manuel Valse à mille temps), membre éminent d’un gouvernement « socialiste », a refusé de signer cet arrêté d’expulsion. Les mauvaises langues disent qu’il y aurait eût des pressions d’Israël et des USA. Nous n’osons y croire. D’autant plus que l’actuel ministre de l’Intérieur, oublieux de ses origines et pas franchement « socialiste », refuse également de signer ce putain d’arrêté d’expulsion.
Donc, la situation est la suivante. Georges a été libéré par la « Justice ». Mais doit être expulsé. Or, le gouvernement refusant de signer son arrêté d’expulsion, il reste en prison. C’est balaise. Tu es déclaré libre par la Justice mais tu restes en prison parce qu’un gouvernement refuse d’obtempérer aux décisions de SA « Justice ». Il s’agit là d’un fait divers banal et ordinaire dont Siné mensuel, débordé par ce genre d’information, n’a pas cru bon de rendre compte. Même en trois lignes. Mais, s’il n’y avait que Siné mensuel dans ce cas !
Merde à Vauban et aux grandes et petites gueules
Il y a un mois et quelque, nous avons également informé Charlie hebdo, Libé, Le Monde, Sud-Ouest, l’Huma, le Canard Enchaîné… de ce fait d’hiver et de notre initiative, humoristique et non violente, consistant à envoyer un stylo au ministre de l’Intérieur pour qu’il signe ce putain d’arrêté d’expulsion. Et…
Et, zéro réponse, zéro écho, zéro rien. Le zéro et l’infini d’un misértabilisme politique à faire dégueuler un vélo. Indignes. Stupides. Suicidaires. Vous qui êtes néanmoins des moins pires que ceux que vous dénoncez, vous restez néanmoins de marbre devant ce qui s’appelle une nouvelle affaire Dreyfus. Que le grand Crick vous croque ! Et, comme le disait Brecht, quand ils viendront vous arrêter, ne nous faites pas le coup de vous étonner d’être seuls après avoir tu l’arrestation de ceux qui auraient pu s’y opposer. Eux, oui, mais, quand même, nous ? Et bé, oui !
Toute règle comportant des exceptions, merci au Monde Libertaire (mensuel de la Fédération anarchiste), à La Raison (mensuel de la Libre pensée), et à Émancipation syndicale et pédagogique (mensuel de la tendance syndicale du même nom) d’avoir sauvé l’honneur des petites gueules. Quant aux grandes gueules du « progressisme » voir de l’humanisme, c’est comme disait Zazie : « Tu causes, tu causes, est-ce tout ce que tu sais faire ? ». Et, en plus, ils ne causent même pas !
Jean-Marc Raynaud