« On dit que j’ai le globe oculaire plus gros que le cerveau. Possible. Et puis moi, ça m’arrange. Réfléchir, quand on y pense, ça fait mal à la tête, alors que jeter un œil par dessus le bastingage n’a jamais tué le mousse costaud. Hissez haut, et sans Tiano, cette faignasse ! Moi qui aie horreur du sable, qui maudit trous, plages et dunes, je ne peux que me féliciter de m’en être éloignés en m’embringuant sur ce rafiot, quand bien même, parfois, la croisière ça m’use. C’est juché au sommet de la plus haute drisse que je prends enfin mon pied, palmé d’or comme on dit à Cannes. Là, j’observe, je scrute, je matte. Je détaille et dissèque, en un mot : je me régale. Sont-ils assez drôles, qui s’agitent, grouillent, bavassent, les vermisseaux dont je ferais tantôt mon casse-croûte? Du cloaque et des hémicycles monte un bruit sourd, un râle : voilà la meute qui croasse, cancane, se concerte ou bien s’invective et, certains moments, meugle : Peuple, debout, crêtes hautes devant la basse-cour ! La plume vitriolée que j’arrache alors à mon cul permettra de tracer dans le dur leur bla-bla, leurs promesses d’ivrogne, leurs volatiles envolées. Demain, après la cuite, lorsque les élus, leurs sous-fifres, fifres et fifrelins ne se souviendront plus de rien, j’irai placer dessous leur groin la palanquée des bêtises dites, les sotties, fadaises, billevesées tombées de leurs bouches amorphes. Idem, pour ce qui est du chanteur à la mode de quand déjà ?, idem des tirades du journaleux aux doigts chiasseux, des rodomontades sportives ou des foutaises de ma belle-sœur et de son zouave, culotté. L’œil acéré mieux que le bec, l’autruche distille le tout à sec, et dans ces pages en crache le jus. »
De Raffarin à Finkielkraut, en passant par Françoise Hardy, Bernard Kouchner, Jean Sarkozy,… l’autruche étrille depuis dix ans ce (tout petit) monde politique, médiatique, artistique. Parue chaque semaine dans le Monde Libertaire de 2003 à 2008, « Quand l’autruche éternue… » est ensuite devenu un blog, où le volatile continue de voler dans les plumes de celles et ceux qui nous énervent, nous font pouffer de rire ou nous donne une furieuse envie d’astiquer le bazooka.
Dix ans, l’âge de raison ? Eh oh, y’a pas écrit « Sartre », non plus !
ISBN 978-2-919568-29-1 Prix : 13 euros